samedi 13 février 2010

Aux bons vents de la capitale fédérale




Rédigé le 6 février 2010

M’y voilà, l’Argentine, le pays le plus européen d’Amérique du sud !
Les argentins sont pour beaucoup de descendance espagnole et italienne. C’est un pays qui a connu des vagues de colonisation et d’immigration d’Espagne, d’Italie, de France, d’Allemagne, d’Irlande, du Pays de Galles et j’en oublie…
Depuis très longtemps je savais qu’un jour dans ma vie j’irai à Buenos Aires. Qu’il est bon de savourer la réalisation d’un rêve !

L’architecture du centre ville ressemble fortement à Rome et à Paris. Certains édifices conservés sont splendides. Malheureusement d’autres, ayant pourtant pignon sur rue sur des hauts lieux touristiques, sont dans un sale état, faute de moyens financiers pour les rénover et les entretenir. C’est bien dommage pour Buenos Aires et ses habitants, les porteños. Ce patrimoine mériterait d’être plus mis en valeur.
L’Argentine a connu au cours du siècle dernier de nombreux coups d’Etat militaires, dont celui de 1976 entrainant la disparition, au cours de luttes entre révolutionnaires et paramilitaires, de près de 30 000 personnes, principalement des jeunes hommes, soit une bonne partie de toute une génération. Les marches silencieuses des mères de disparus sont aussi le symbole de ce pan de l’histoire.
Il y a encore moins de dix ans, une crise économique frappait l’ensemble du pays, touchant péniblement les classes populaires, puis les classes moyennes, plongeant Buenos Aires en état de siège, jusqu’à la démission du président de l’époque. Aujourd’hui, le pays est gouverné par une femme, tout comme au Chili ou en Allemagne. Une autre femme a joué un rôle important en Argentine : Evita, femme du président Perón, en 1946, elle s’impliqua toute sa courte vie à assister les pauvres. Aujourd’hui encore, elle garde l’image d’une femme moderne aux origines modestes, pleine de courage, aimée du peuple, qui a œuvré pour son pays.

Buenos Aires est aujourd’hui une ville très agréable à vivre. Je loge dans le quartier Parlemo, côté « Soho », l’autre étant nommé « Hollywood ». Mon hôtel est comme très souvent un lieu où se côtoient des vacanciers et voyageurs de divers horizons. Je me retrouve dans une chambre avec deux brésiliens, en vacances 15 jours dans la capitale argentine. Nous sympathisons bien et un soir nous avons même décidé d’aller voir un match de Boca Juniors à domicile. Malheureusement, le match se joue à guichet fermé, et nous arrivons une heure trop tard pour acheter les rares billets disponibles. Le marché noir ne nous sera pas plus favorable, et sous des cordes de pluie nous retournons en bus, trempés, à Palermo. Ce même soir, je rejoindrais dans le micro-centre un des argentins que j’avais rencontré à Buzios au Brésil.

Revenons-en au début… amis végétariens, arrêtez-vous là !
Mon premier soir dans la capitale fédérale, je m’accorde un moment culinaire carnivore en solitaire. Pour 45 pesos, soit moins de 10 Euros, ce restaurant, qui se nomme « Reencuentro » (Rerencontre), sert de la viande argentine jusqu’à plus faim. S’en suit le défilé des plats, tel Obélix enchaînant les sangliers. Quelques morceaux choisis : asado, entraña, bœuf de chorizo sont mes préférés, de la bonne viande grillée copieuse et tendre. Le tout accompagné d’un bon cabernet sauvignon argentin de Mendoza, ville principale d’une région viticole, au nord ouest du pays. La viande argentine est d’une qualité exceptionnelle, je me régale et ai surement repris les quelques kilos perdus depuis le début de mon voyage.
Au cours de ce premier soir, je me rends aussi compte que la maîtrise de l’espagnol me fait défaut, et que je ne peux pas m’exprimer comme je le souhaiterai dans des situations de tous les jours. C’est décidé, je vais prendre des cours !

Mon professeur, Javier, 32 ans, enseigne l’anglais aux argentins dans un institut linguistique, et l’espagnol aux étrangers. Ça tombe bien, je suis étranger ici !
Compte tenu de la durée que je prévois de rester à Buenos Aires avant de reprendre la route, nous convenons sur 15 heures intensives en cinq séances, hors week-end. L’idée étant de me donner quelques bases de grammaire et de vocabulaire, ensuite à moi de mettre en pratique l’expression orale.

Je lisais récemment un article dans « the Economist » sur la difficulté de l’apprentissage des langues pour les anglo-saxons. Il est pénible pour un natif anglais de produire certains sons, notamment le R et le U français, le R et le J espagnols… et savez-vous qu’il existe 13 différentes façons d’écrire le son « O » en français (o, au, eau… à décliner au pluriel et avec des compléments de lettres pour le O). Les articles masculins, féminins (et même le neutre en allemand) n’existent pas en anglais, ce qui rend finalement plus « facile » l’apprentissage de l’anglais comparée à d’autres langues. C’est surement une des raisons pour laquelle celle-ci domine aujourd’hui le milieu des affaires et du tourisme partout dans le monde, accentuée au cours du temps par le colonialisme britannique des derniers siècles, l’existence du Commonwealth et encore plus aujourd’hui par l’influence économique et militaire des Etats-Unis.

Le français, l’espagnol, l’italien, et le portugais sont toutes d’origine latine, facilitant, en théorie, l’apprentissage de nos langues respectives entre « cousins latins ».
Je n’échappe pas à la règle pour l’espagnol et suis enchanté d’avoir grandi dans le berceau de la langue française. Celle-ci est d’une richesse vocale, grammaticale qui offre quelque part aux personnes qui parlent le français la possibilité de comprendre plus rapidement la grammaire et le vocabulaire latins. Allez par exemple expliquer à un anglais que le verbe « to know » se décline en deux verbes dans les langues latines : savoir et connaitre. Il y a pourtant bien une nuance entre nos deux verbes dans leur usage !
La langue française regorge d’exceptions, de lettres qui ne se prononcent pas, l’espagnol un peu moins. Les bases que me donne Javier ne sont que des outils, à moi de les utiliser et les améliorer… ça prendra forcément du temps. Déjà à l’issue de cette semaine à Buenos Aires, je comprends mieux ce qui se dit autour de moi, mais je n’ai pas atteint le premier palier oral, entre un et trois mois.
Au cours de la deuxième moitié de cette semaine à Buenos Aires, je serai même en immersion totale, puisque j’irai vivre dans une famille argentine. Rien de tel pour apprendre plus vite, mais pour l’instant, mon parlé espagnol est encore préhistorique. Et puis, j’ai parfois mal au crâne à force de jongler entre les langues, de part mes rencontres, entre le français, l’anglais, l’allemand et l’espagnol.

Mes journées sont occupées par l’apprentissage de la langue et mes soirées se passent souvent à l’extérieur : spectacle de percussionnistes argentins qui improvisent à la Bomba de Tiempo, visite de la ville by night, du nouveau port (puerto Madero) et son fameux « pont de la femme » (passerelle). J’y retrouve un petit air de Nantes avec les grues du port, reconverties aussi en patrimoine industriel, et cette frégate de 1897 à quai qui fait penser au Belem.
J’ai même eu le privilège un soir d’entrer une petite demi-heure dans une salle populaire de tango où se retrouvent les argentins pour s’adonner à cette danse représentative de la culture argentine. Tous étaient bien habillés, et les hommes, par un regard puis un geste d’invitation choisissaient leur cavalière pour la danse suivante. Le tango est une véritable expression corporelle de la séduction, où l’homme mène la danse, guidant sa partenaire pour la mettre en valeur. C’est très beau à regarder « en live », une atmosphère particulière s’en dégage, surtout dans cette salle aux décors des années 30. (Je n’y ai pas pris de photos, par respect pour les personnes présentes… ce n’était pas un spectacle !)

Mon avant dernière soirée, je la passe avec un ancien camarade de classe, Nico, son frère (ils revenaient d’un mois de bateau – petit équipage - en antarctique), un français qui vit à Buenos Aires et deux argentines. Nous savourons ce moment dans une cantine populaire, où la carte simple nous convient parfaitement, et où, une fois de plus, un tango s’improvise entre argentins dans une salle annexe. L’association Eros, qui accueille cette cantine, dispose aussi d’un terrain de foot en salle. Vraiment sympa cet endroit typiquement local.

Le dernier soir se passe « en famille » à discuter, rigoler autour d’empenadas (pâte feuilletée fourrée à la viande, ou au poulet, ou aux légumes…), de tortillas (galette de blé aux herbes ou à la viande, genre gros pancake salé) et d’une bonne bouteille de vin.

Buenos Aires, c’est un peu tout ça : l’architecture européenne, le tango, le football, le polo, la bonne viande, le bon vin, la gentillesse des gens… mais je n’ai pas tout vu, et cela ne se résume pas qu’à ça non plus ! J’y reviendrai peut-être quelques jours après mon périple en Patagonie et Terre de feu.

Une fois « équipé » linguistiquement, je vais pouvoir reprendre mon envol.
Je voulais me rendre tout d’abord à Ushuaia, en bus, mais vu la distance, la durée (presque trois jours avec « escales obligatoires ») et le coût total de ce trajet par la route, il est plus avantageux de le faire en avion.
Malheureusement les vols pour Ushuaia sont complets : ce sont les vacances scolaires d’été ici ! Ou bien les rares billets disponibles sont hors de prix et les prochains à un coût raisonnable ne sont pas avant une dizaine de jours.

Je m’envole donc pour El Calafate, ville dans la région des glaciers de Patagonie. L’heure de sortir de mon sac les chaussures de rando, le blouson, le bonnet et les gants !

























1 commentaire:

  1. Super intéressant, et super agréable de pouvoir te suivre comme ça ! Continue à bien profiter, vivement le prochain chapitre... :)

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